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ENTRETIEN AVEC PHILIPPE BAES en 2014. Philippe est décédé le 8 novembre 2014. Site : http://farciennes-se-livres.jimdo.com/

- Bonjour et merci d’accepter de répondre à ces quelques questions.

- Comment as-tu commencé à écrire? Qui te lisait au début ?

J'écris depuis plus d'un an en passant par l'auto édition des livres que j'avais en maquette depuis un certain temps. J'ai toujours aimé inventer des histoires, imaginer tel ou tel événement, cela a toujours fait partie de ma vie. J'ai toujours lu énormément, depuis toute petite, et ce que je lisais, je le gardais. Les bibliothèques, ce n'était pas pour moi. Quelle horreur de devoir rendre un livre. Je pense qu'il faut avoir lu beaucoup avant d'écrire. L'idée d'écrire me trottait dans la tête depuis longtemps, mais le temps me manquait pour l'officialiser. Dès que j'ai commencé, c'est devenu primordial, je ne pouvais plus m'arrêter. Mes premiers lecteurs ont été ma famille, mes collègues et ami(e)s, puis d'autres qui ont acheté sur les sites dédiés à l'auto-édition.

- Quel est ton genre favori ?

Tout, sauf la science-fiction (que j'adorais lire quand j'étais adolescente) et les poèmes. J'aime les lire, mais pas les écrire.

- Quel est ton processus créatif ? Qu’arrive-t-il avant que tu ne t’asseyes à écrire ?

Tout dépend de ce que j'écris. Si c'est une biographie, je suis les cours de la vie. Je ne peux pas inventer. J'écris ce qui est réellement arrivé. Si ce sont des livres enfants, c'est un amusement pour moi, car je m'imagine vivant l'histoire comme si j'étais ce petit enfant qui vit ses aventures. J'écris souvent des livres enfants entre deux polars, car ça me détend. Si c'est un roman, je bâtis mon plan dès le départ et ensuite, je brode autour, sachant que je ne reste pas figée, et que je peux dévier de mon plan. Par contre, lorsqu'il s'agit d'un polar, j'ai mes fiches personnages que j'alimente au fur et à mesure, puis ma fiche avec les victimes et meurtriers, puis toutes mes fiche documentation, car cela demande beaucoup de recherche, surtout en médecine légale, en enquête, etc. Bien souvent, je pars d'un fait réel et j'imagine ensuite. Lorsque j'arrive à la fin de mon polar, sachant que c'est une série, je sais déjà quel sera l'histoire suivante. Il m'arrive aussi d'avoir des idées, le soir en me couchant et le lendemain, je note avant d'oublier. Lorsque je me promène, j'ai toujours avec moi un bloc sur lequel j'écris quelques petits trucs en fonction de ce que je vois dans la rue. Il suffit de bien regarder autour de soi. Petits plus dans mes histoires...

 

- À quelle personne es-tu le plus à l’aise : à la première ou à la troisième personne ?

A la troisième. Sauf le premier, "les souvenirs ne meurent jamais", car j'étais le personnage principal dans ce livre.

- Quels écrivains admires-tu le plus ?

Mon maître à penser est Zola, incontestablement. Ensuite, il y en a beaucoup : Voltaire, Flaubert, Baudelaire, Boris Vian, Maurice Druon. Livres que je lis plusieurs fois et toujours avec le même plaisir. Ensuite, Mary Higgins Clark, Cornely et pleins d'autres. Je ne suis pas figée sur un auteur en particulier. Après, j'aime bien découvrir les nouveaux auteurs. J'ai énormément de livres de gens qui gagnent à être lus et connus.

- Qu’est-ce qui rend crédible un personnage ? Comment crées-tu les tiens ?

Pour une biographie, pas de surprises. Ils existent réellement. Sauf dans le refuge, qui est mon histoire. (zut, je ne voulais pas le dire). J'ai littéralement changé le personnage, le motif, la profession, et je voulais que ça se termine bien. Je ne voulais pas tomber dans le livre où il faut sortir ses mouchoirs. Pardon, j'ai quand même dévoilé que c'était une autobiographie écrite comme un roman et classée en tant que tel. Pour le polar, c'est différent. Comme je pars de faits réels, le meurtrier reste un meurtrier ainsi que les victimes. Par contre, pour l'équipe du lieutenant Cruz, je rends les personnages sympathiques et surtout le médecin légiste, à qui j'accorde beaucoup d'humour, personnage à connaître, à qui je donne plus d'importance dans le 3ème. Et je me régale quand je suis en salle d'autopsie (oups). Je n'en dis pas plus, sinon, je risque de dévoiler une partie du 4ème.

- Au plus profond de ta motivation, pour qui écris-tu ?

J'écris surtout pour moi, car j'adore ça. Je me moque d'être dans le top 100 des ventes. J'écris pour le plaisir et j'essaie de communiquer ce plaisir aux lecteurs qui me suivront. J'écris le plus simplement  possible, car je me mets à la place du lecteur lambda. Je ne vais sûrement pas utiliser un langage que je n'utilise pas du tout dans la vie de tous les jours.

- Les avis (négatifs ou positifs) des lecteurs te servent-ils ?

Oui, bien sûr, mais cela ne changera pas ma façon de voir les choses. Je sais très bien qu'on ne peut pas plaire à tout le monde. Celui qui ne me lit pas, rien de grave. Celui qui me lit, je lui dis merci de s'intéresser à une illustre inconnue.

- T’imposes-tu une discipline, en termes de calendrier, d’objectifs etc. ?

Oh non, surtout pas. Seulement, si on arrête un certain temps d'écrire, il peut être difficile de reprendre le cours de son histoire. Donc, quand même un petit peu. Et puis, comme je disais, j'écris quand j'en ai envie. Et ça, ça ne se commande pas.

- De quoi t’entoures-tu quand tu écris pour favoriser ta concentration ?

J'aime être seule à ce moment-là, ne pas être dérangée surtout, ne pas être coupée dans mon élan. Il m'arrive de mettre un peu de musique avec les écouteurs, mais pas longtemps.

- Écris-tu sur écran, imprimes-tu souvent, corriges-tu sur papier...? Quel processus suis-tu ?

J'écris directement sur écran. Puis, lorsque j'ai fini un chapitre, j'imprime et je corrige.

- Quelle a été ton expérience avec les maisons d’édition ?

Je pense que c'est un monde fermé. Bien sûr, tout auteur rêve de voir son livre un jour édité. Mais toucher les maisons d'édition qui ont pignon sur rue (pognon sur rue, un peu d'humour) reste un combat comme Don Quichotte avec les moulins. Pour les autres, il faut bien étudier les contrats. J'en ai eu beaucoup, mais j'ai refusé. Dès lors que l'on vous dit après quinze jours que votre livre est extraordinaire, qu'on vous demande de payer, je prends mes jambes à mon cou et je fais demi-tour, et croyez-moi, je cours très vite. Il faut surtout prendre son temps. Je ne dis pas qu'il faut tout rejeter, non, il faut prendre son temps et ne pas se précipiter. Laisser passer l'euphorie, puis réfléchir et bien éplucher.

- Sur quel projet travailles-tu en ce moment ?

Je termine le troisième livre des Enquêtes du lieutenant Cruz, j'en suis au stade de la relecture et des corrections. Le 4ème est en phase de préparation (mes fiches, comme je disais précédemment). Projet d'un livre régional sur le nord, la cité Saint-Maurice, cité oubliée (rasée pour Euralille). Ensuite, j'aimerais pouvoir travailler avec des personnages âgées en leur faisant écrire, soit des poèmes, soit des histoires, (leurs souvenirs) en collectif ou individuel pour celles qui préfèrent.

- Le dernier mot est pour toi…

Je vais me faire gronder par le lieutenant Cruz pour l'avoir abandonné quelque temps.

Sinon, merci à tous ceux qui m'apportent leur soutien, leur confiance et me complimentent. Je suis très heureuse de pouvoir toucher des gens. J'écris parce que j'en ressens le besoin. Mais la chose essentielle pour moi est de rester humble et de ne pas parler de soi comme si on était le numéro un du top des ventes. Il faut qu'écrire reste une passion. J'adore Zola mais jamais je ne lui arriverai à la cheville. Enfin, s'il me fait une petite critique sympa de là où il est, j'en serais très fière.

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